Le marché des véhicules d’occasion est, certes, devenu plus transparent au fil du temps. Mais la fraude de falsification des compteurs kilométriques demeure, et ce à l’échelle mondiale. Cette méthode vise à gonfler artificiellement le prix de vente en dissimulant un kilométrage bien supérieur de la voiture.
Selon les données de Carly, société allemande spécialisée dans le diagnostic mécanique et citée par Le Parisien, cette fraude toucherait environ 6% des véhicules écoulés annuellement sur le marché français de l’occasion, ce qui représente entre 300 000 et 360 000 voitures.
Face à des vendeurs peu scrupuleux, certains perdent des milliers d’euros. Ce phénomène concerne autant l’achat de véhicules luxueux que celui de modèles populaires.
Quels sont les véhicules le plus concernés ?
CarVertical, qui collecte et fournit quantité de données sur des véhicules, a mené récemment une étude en France. Son but : identifier les modèles de voitures les plus fréquemment trafiqués et sensibiliser les acheteurs. Cette analyse s’est appuyée sur les rapports d’historique obtenus par les utilisateurs de ses services entre novembre 2022 et novembre 2023.
CarVertical a ainsi établi que 3,27 % des voitures vérifiées par ses équipes en France présentaient une fraude au compteur. Et elles comptent une réduction moyenne de plus de 60 000 kilomètres.
D’après cette étude, les véhicules de marques allemandes haut de gamme sont les plus touchés par cette falsification.
Parmi tous les modèles vérifiés sur carVertical en France, on compte :
- • la Porsche Panamera, avec un taux de modification kilométrique de 5,10%,
- • l’Audi A8 : 3,89%,
- • l’Audi R8 : 3,70%,
- • le Porsche Cayenne : 3,67%,
- • la Citroën C5 : 3,12%.
Sur les 20 modèles les plus touchés, cinq sont produits par Porsche et cinq par Audi.
Les spécialistes de carVertical soulignent que la demande sur ces véhicules haut de gamme est particulièrement élevée. Et un faible kilométrage permet aux revendeurs d’augmenter fortement leurs marges.
Les niveaux de fraude sont globalement plus bas sur les voitures citadines. Toutefois, ces types de véhicules sont aussi plus nombreux sur le marché de l’occasion. Les modèles les plus touchés comprennent :
- • la Renault Clio, avec 1,87%,
- • la Peugeot 308, avec 1,56%,
- • la Renault Twingo, avec 1,54%,
- • les Peugeot 207 et 208, avec respectivement 1,19% et 1,18%.
Le risque de fraude kilométrique en hausse pour le segment haut de gamme.
Conformément au règlement européen, tous les nouveaux véhicules sont censés être protégés contre la fraude au compteur kilométrique depuis le 1er septembre 2017 et l’ensemble des voitures neuves depuis le 1er septembre 2018. Mais il est aussi plus simple aujourd’hui pour les fraudeurs de modifier les compteurs de voitures récentes. Cette opération demande en effet moins de manipulations. Certains appareils permettent de trafiquer le kilométrage d’un véhicule moderne en seulement quelques minutes.
Sur les vingt modèles les plus concernés en France, onze appartiennent au segment premium.
La falsification des compteurs kilométriques sur des marques comme Mercedes-Benz, Porsche, Audi, Volvo ou Land Rover, permet aux fraudeurs d’augmenter artificiellement la valeur des véhicules, et d’accroître ainsi leurs profits.
Dernière de cette liste, l’Opel Corsa est le modèle présentant le moins de risques, avec seulement 2,04% de fraudes au kilométrage signalées. Il est donc 2,5 fois plus risqué d’acheter une Porsche Panamera qu’une Opel Corsa, même si ces deux types de voitures attirent des acheteurs très différents ! Parmi les modèles à plus faible risque, on distingue la Volkswagen Sirocco (2,09%), la Renault Mégane (2,18%), la Mercedes-Benz S-Class (2,28%) et l’Audi A5 (2,37%).
Comment éviter les pièges ?
Lors de la recherche d’un véhicule d’occasion, personne n’est à l’abri des fraudeurs. En effet, les experts soulignent la difficulté de détecter les falsifications de compteurs. Et l’acquisition d’un véhicule trafiqué entraîne systématiquement des frais imprévus et sa dépréciation accélérée.
Par conséquent, la prudence est de mise avant de conclure votre achat.
Dans un premier temps, soyez méfiant à l’égard des offres trop attrayantes, notamment celles affichant un kilométrage anormalement bas pour leur prix, ou celles qui manquent de détails sur l’historique du véhicule. Privilégiez les voitures avec un carnet d’entretien à jour, offrant une traçabilité précise des opérations effectuées et éventuelles réparations.
Les premières mains comportent généralement moins de risques.
Il est aussi toujours possible de vérifier la véracité du kilométrage annoncé en examinant les factures d’entretien, les rapports de contrôle technique ou même les étiquettes de vidange présentes dans le compartiment moteur.
Depuis 2019, le site public HistoVec offre aux acheteurs la possibilité de solliciter un historique administratif complet du véhicule. Ce rapport inclut les données du Système d’Immatriculation des Véhicules (SIV). Il apporte des informations telles que la date de première mise en circulation, les changements de propriétaire, les incidents nécessitant une réparation contrôlée (comme les accidents entraînant une immobilisation après évaluation d’un expert) et la situation administrative du véhicule (notamment les gages, les oppositions ou les cas de vol).
HistoVec fournit aussi maintenant un suivi détaillé des contrôles techniques, avec un historique des kilométrages enregistrés à chaque visite.
Autre conseil, soyez observateur : l’état intérieur et extérieur du véhicule peut révéler des indices d’un kilométrage potentiellement falsifié, comme une usure anormale de certains éléments (sièges, pommeau de vitesses, pédales).
Privilégiez les vendeurs français, car les recours contre ces derniers seront plus simples en cas de litige.
En France, le vendeur ne peut pas se prévaloir de la mention “kilométrage non garanti”. Et il est possible d’annuler la vente en cas d’erreur sur les caractéristiques essentielles convenues, ou en présence d’un vice caché.
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